Agriculture intensive, agriculture bio : comparons les coûts

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L'agriculture intensive conventionnelle génère des coûts qui sont externalisés et donc non inclus dans le prix de ses produits mais payés indirectement par les consommateurs.

Parmi les surcoûts cachés payés par la collectivité :

  • La dépollution des eaux : 91% des eaux de surface et 59% des eaux souterraines sont polluées par les pesticides et les nitrates. En France cela représente un surcoût de 54 milliards d’euros par an. Coût complet de la dépollution des eaux souterraines : supérieur à 522 milliards d’euros (données 2011 du CGDD*), avec le risque supplémentaire d’être condamné par l'Europe pour non respect de la Directive européenne sur la qualité de l’eau. (abandon de 400 captages par an).

  • Les dégradations des zones de pêche et de l'ostréiculture.

  • Les pertes marchandes dues à l'eutrophisation des milieux aquatiques.

D'autre part il faut ajouter les subventions de l'Europe et des Etats dont les mécanismes d’obtention favorisent l’agriculture intensive. Ces subventions sont en majorité conçues pour la production agrochimique intensive et à grande échelle. Il en résulte pour les produits conventionnels des prix artificiellement plus bas que leurs coûts réels. Il se crée ainsi une concurrence déloyale avec l'agriculture bio très peu soutenue par l'Etat.

Autre conséquence : le surcoût indirect du chômage imputable à l’industrialisation de l’agriculture intensive.

Autres surcoûts non pris en compte :

Augmentation des dépenses de santé liées au développement de maladies en partie causées par les pollutions chimiques de l’alimentation et de l’environnement. Un grand nombre de pesticides sont des perturbateurs endocriniens dont la société scientifique pense qu'il faudrait les interdire car ils sont suspectés d'être un des facteurs de l'explosion des maladies dites environnementales (cancers, lymphomes, malformations congénitales, Parkinson, etc.). De nouvelles études révèlent que des doses très faibles s'accumulant au cours des années dans l'organisme peuvent être dangereuses et en particulier à certaines périodes de la vie (fœtale et petite enfance).

L’agriculture intensive, par le recours massif à la chimie de synthèse (engrais et pesticides) et à la mécanisation, génère une dégradation des sols et de l’air. Les sols, dépourvus de matières organiques, sont devenus de simples supports de cultures.

Quant à la disparition des pollinisateurs, c’est une perte et un coût inestimable pour l’agriculture et un appauvrissement dramatique de la biodiversité.


 

S’alimenter en produits bio c’est sain et globalement moins coûteux !!

Manger bio c’est faire le choix d’une alimentation de qualité qui garantit des produits sans pesticides, sans engrais chimiques de synthèse et sans OGM. (Voir Agriculture Bio ou Raisonnée : à vous de choisir dans l’onglet « Pesticides et environnement »).

C’est la garantie d’une alimentation plus saine, d’une meilleure santé et donc, pour la collectivité, des dépenses de soins moins élevées. Si la controverse est toujours présente quant à la supériorité de la qualité nutritionnelle des produits issus de l’agriculture biologique, un fait incontestable est l’absence de résidus toxiques dans ces produits.

L’agriculture bio ne pollue pas l’environnement (eau, sol, air) :

Au contraire elle entretient la qualité des sols ; considérant que le sol est un organisme vivant dont il faut préserver la microfaune, la micro flore bactérienne et fongique et favoriser sa respiration par le malaxage dû aux vers de terre.

En matière de préservation des ressources en eau sur des secteurs agricoles, la solution la plus durable et la plus efficace est le développement à grande échelle de l’agriculture biologique.

Des expériences « grandeur nature » ont pu démontrer qu’il revenait 27 fois moins cher de mettre en place des mesures préventives que d’engager des actions de dépollution (dénitrification…) pour rendre potable une eau trop chargée en nitrates (source : SWM, 2006).

Quant à l’air, sa qualité est préservée par l’absence de pulvérisation chimique.

Question coût :

Si les prix à la vente de certains produits bio sont plus élevés, il faut tenir compte :

  • des coûts de production plus élevés du fait d'une augmentation de la main d'œuvre et d'un rendement parfois plus bas.

  • des contrôles fréquents et des certifications à la charge du producteur.

  • des subventions de la PAC peu élevées et des aides à la reconversion sur seulement 3 ans.

  • des dimensions plus petites des exploitations en Agriculture Biologique ce qui permet moins d’économies d’échelle (faibles volumes commercialisés).

  • d’une croissance des animaux plus lente car ils ne reçoivent aucun traitement pour l'accélérer et ils ne subissent pas de confinement.

En outre, actuellement en France, du fait de la faiblesse de l’offre nationale, plus de 40% des produits proposés à la consommation sont issus de l’importation. Donc avec un surcoût.

 

Consommer bio et local c’est possible et cela permet de : 

  • Valoriser les produits du terroir, les variétés locales et rustiques. L’AB propose à notre curiosité des fruits et des légumes oubliés (panais, rutabaga, topinambour), des céréales et des légumineuses (épeautre, millet, lentilles blondes) disparues du repas conventionnel.

  • Maintenir les emplois et d'en créer de nouveaux car en consommant des produits issus de circuits courts vous dynamisez l'économie locale. De plus, l’AB exige 30 % de main d'œuvre en plus. Elle assure aussi une meilleure rémunération du producteur.

  • De ne pas payer plus cher ses produits en allant directement chez les producteurs ( voir https://www.bio66.com/fr/presentation.html. Pas plus cher car de meilleure qualité, on peut prendre de moindres quantités !

L'AB, en favorisant la vente directe et les circuits de proximité, génère un lien social entre les consommateurs et les producteurs. Elle répond à une demande forte de la société de nourriture saine et d'origine contrôlée. En outre l'AB qui a recours à une fertilisation organique et à l'autonomie alimentaire du bétail émet moins de gaz à effet de serre que l'agriculture intensive.

 

*Commissariat général au développement durable