OGM

 

Des plantes qui ne sont pas considérées comme des OGM, et pourtant ... Si la mutagénèse est un processus naturel, c'est devenu aussi un "travail" industriel . Qu'est ce que la mutagénèse ?

    - MUTAGENESE.pdf (2 MB)

 

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Résultat de Mutagénèse :

 

 

Les Variétés Tolérantes aux Herbicides (VTH)

 

Les OGM, on commence à connaître. Le maïs MON810 a fait beaucoup parler de lui. Il fait encore aujourd'hui l'objet d'un moratoire pour sa culture en France. Cela n'empêche pas que soja et maïs OGM rentrent toujours par millions de tonnes dans les ports français pour la nourriture animale. Mais depuis quelques années on entend parler de VTH.

 

Les VTH qu'est-ce que c'est ?

Ce sont des Variétés Tolérantes aux Herbicides. Elles concernent pour le moment en Europe le maïs, le tournesol et bientôt le colza et sont produits par les firmes Pioneer et BASF.

Le maïs DUO system de BASF est tolérant à la cycloxydime. Cette tolérance est due à une mutation spontanée découverte dans les années 1980. Cette propriété a ensuite été introduite dans les hybrides de maïs par des méthodes classiques de sélection.

Les tournesols (ExpressSun de Pioneer et Clearfield de BASF) sont issus de lignées rendues tolérantes aux sulfonylurées (Dupont dont Pioneer est une filiale) et aux imidazolinones (BASF). Ces herbicides appartiennent à la classe des inhibiteurs de l'ALS qui sont déjà largement utilisés sur les céréales. La tolérance à l’herbicide a été obtenue par mutagénèse. Comme dans le cas précédent, cette propriété a ensuite été introduite dans les hybrides de tournesols par des méthodes classiques de sélection.

Ces tournesols sont déjà largement cultivés en France et les colzas VTH (Clearfied de BASF)apparaissent maintenant pour des essais et aussi pour de la production de semences.

 

La mutagénèse qu'est-ce que c'est ?

C'est un procédé de modification génétique consistant à exposer une plante ou une partie de plante à des radiations ionisantes, des UV ou des substances chimiques mutagènes en vue de modifier son génôme. Contrairement à la transgénèse, il n'y a pas d'apport extérieur de matériel génétique mais un réarrangement provoqué du génome. On parle alors de mutagénèse provoquée ou incitée ou même aléatoire. De nouveaux caractères peuvent alors apparaître, comme par exemple la tolérance à un herbicide. Mais d'autres modifications génétiques peuvent également se produire (aléatoire !) et entraîner des effets délétères non intentionnels. Aucune évaluation n'est exigée car ce sont des OGM...cachés !

 

L'aspect agronomique

D’après leurs promoteurs, ces technologies constituent une "révolution" dans la mesure ou elles permettent de désherber en post-levée, c’est à dire une fois que la plante est levée (avec plusieurs feuilles apparentes). En facilitant ainsi le désherbage par voie chimique, ces tournesols s’inscrivent complètement dans la logique productiviste du modèle agricole dominant. Pourtant, l’utilisation à grande échelle de plantes tolérantes aux herbicides depuis plus de 10 ans (plantes OGM tolérantes au RoudUp) s’avère catastrophique : les "mauvaises herbes" sont devenues résistantes à ces herbicides et les doses de pesticides que ces OGM étaient censés diminuer n’ont fait qu’augmenter. En Amérique, là où ces plantes ont été largement utilisées, il devient de plus en plus difficile de contrôler ces "mauvaises herbes".

 

L'étang et les nénuphars

Il s'agit d'une devinette bien connue. Des nénuphars sur un étang doublent leur surface chaque année. En 15 ans ils couvrent la moitié de l'étang. Question : quand couvriront-ils tout l'étang ? La réponse est évidemment « au cours de la 16ème année ». Une seule année aura donc suffi. Mais que s'est il passé lors des années précédentes ? Par exemple, quelle partie de la surface couvraient-ils 5 ans auparavant ? La réponse est 1,5%, c'est à dire pas grand chose ! Et si on regarde 10 ans en arrière on ne trouve plus que 0,04% : pratiquement indécelable !

Cette modeste devinette illustre ainsi le fait qu'un phénomène d'expansion continue peut rester quasiment invisible pendant longtemps puis littéralement exploser par la suite. Et c'est bien ce qui semble se passer avec ces mauvaises herbes qui font de la résistance !

 

Monsanto dans la tourmente

il aura fallu à peine une quinzaine d'années pour que le « miracle » des plantes OGM tolérantes au Roundup se transforme en véritable cauchemar pour les agriculteurs. A force d'être arrosées par cet herbicide, des mauvaises herbes ont développé leurs propre résistance et sont devenues très envahissantes aux Etats Unis mais aussi au Canada, au Brésil, en Argentine, en Australie, en Chine...

Mais ce qui inquiète le plus c'est la vitesse de propagation de ces plantes résistantes, une sorte d'emballement (comme pour les nénuphars !) : en moins de 3 ans aux USA, le nombre de sites infestés signalés passe de 3200 à 14000 et les surfaces concernées passent de 1 million à 5 millions d'hectares (pour une surface totale de cultures GM de 65 millions d'hectares) !

 

Le malheur de Monsanto fait le bonheur de Pioneer et BASF.

« Mère Nature » a démontré maintes fois sa capacité à contrecarrer les panacées chimiques ». Ainsi s'exprime un farmer américain confronté à ces mauvaises herbes envahissantes. Mais si Monsanto fait les frais de ces résistances au Roundup, il arrange au contraire Pioneer et BASF qui proposent des plantes rendues tolérantes à une autre famille d'herbicides (les « inhibiteurs de l'ALS). Ce sont les variétés de tournesol ExpressSun de Pioneer et Clearfield de BASF qui sont mises sur le marché depuis 2009. La variété de colza Clearfield est annoncée pour cette année.

 

Vers de nouvelles résistances de mauvaises herbes

Or cette famille d'herbicides, déjà largement utilisée sur les céréales à paille qui les tolère naturellement, est celle pour laquelle le plus de cas d'adventices résistantes (comme les vulpins et les ivraies) ont été signalés dans le monde. Certes ces semenciers/chimistes ne cachent pas les risques, mais cela ne les empêche pas de faire la promotion de leurs innovations tout en renvoyant la responsabilité sur les agriculteurs censés respecter des règles de bonnes pratiques !

Par ailleurs, les tournesols et colzas rendus tolérants, ne pouvant évidemment pas être détruits par ces herbicides, deviendront eux-mêmes des mauvaises herbes pour les cultures suivantes. Sans compter les ravenelles qui ont toute chance de se croiser avec les colzas. Une spirale sans fin !

 

L'expertise CNRS/INRA

En France, le ministère de l'Agriculture a autorisé les herbicides qui vont avec ces tournesols mutés au début de 2009. Quelques mois plus tard (décembre 2009), il commandait une expertise à l'INRA et au CNRS sur les effets agronomiques, environnementaux et socio-économiques de ces VTH. S'il n'y avait pas eu entre-temps quelques « inspections citoyennes », cette expertise n'aurait probablement pas été effectuée.

Elle a été publiée fin 2011 et se trouve être assez sévère vis à vis de ces technologies. Elle est disponible sur le site de l'INRA.

 

OGM ou pas OGM : les OGM cachés

Au sens de la directive européenne 2001/18 qui réglemente les OGM dans l'Union Européenne, les organismes issus de la mutagénèse provoquée sont des OGM mais ils sont exclus de son champ d'application ce qui les exempte de fait, des obligations d'évaluation, d'affichage et de demande d'autorisation propres à tout OGM. Comment peut-on alors qualifier ces vrais-faux OGM qui peuvent ainsi être disséminés sans que personne ne soit au courant : clandestins, furtifs, cachés... ?

En fait cela permet surtout aux firmes de faire la même chose qu’avec les OGM, breveter le vivant, mais sans avoir à supporter la longueur des tests sur la santé et l’environnement, des procédures de demande d’autorisation d’essais, et les risques de refus par l’opinion européenne.

 

Contact : collectifantiogm66@voila.fr